Ceci n’est pas un manifeste anti-violence dans les jeux de rôle. Ceci n’est pas un manifeste exigeant des jeux de rôle sans violences. (Même si plus de jeux sans violence, ce serait quand même super cool.)
Ceci est un manifeste parlant de la présentation, de l’usage et du cadrage de la violence dans les jeux. Il est négatif, parce que ce sont précisément des choses que je veux éviter, et que les manières de faire alternatives sont innombrables. Je ne veux pas aller à un point précis, il y a des milliers d’endroits à explorer ; je veux fuir un lieu précis.
C’est une explication de comment je peux accueillir au mieux la violence en jeu de rôle, une base pour poser un contrat de table, écrite après bien des difficultés pour exprimer quelque chose de plus fin qu’un voile posé ou une ligne tirée sur la violence en général, sur un type de violence en parlant de moyen (violence sexuelle, exploitation, torture) ou de cible (les enfants, les animaux, les grands guerriers roux avec des tresses). Ce n’est pas une revendication sur ce que les jeux de rôle devraient être pour tous, c’est une explication d’un point qui est important pour que je puisse profiter des séances.
En espérant que ce texte ramassé trouvera une certain résonance en vous, bonne lecture !
Je ne veux pas que la violence soit glorifiée d’aucune manière dans les jeux auxquels je joue, merci.
Je ne veux pas qu’il soit attendu de moi (je parle évidemment de personnages dans une fiction) de voir le combat comme une bonne solution, ou même une solution tout court. Vraiment, réellement. Je ne veux pas qu’il soit attendu de moi de prendre plaisir à la violence fictionnelle de quelque côté que ce soit. La violence réelle n’est pas amusante. Du tout. Je ne peux et ne veux pas prendre plaisir de ce que d’autres doivent réellement subir dans notre monde. Je ne supporte pas quoi que ce soit du genre. Je n’y vois ni plaisir, ni vertu.
Je ne veux pas que la violence soit présentée, menteusement, de manière positive, d’aucune façon. Je ne veux pas que la violence soit récompensée. Je ne veux pas que la violence soit attendue de moi. Je ne veux pas que la violence soit trompeusement présentée comme un composant inévitable de la vie, ni comme un problème social insoluble, parce qu’elle ne l’est pas. La violence dans les jeux pourrait être un sujet de préoccupation, quelque chose à empêcher. Pas simplement quelque chose d’accepté, ou auquel on répond par réflexe. Au pire, la violence pourrait être une très mauvaise solution à laquelle on pourrait se sentir contraint·e.
Je ne veux pas que la violence soit utilisée comme simple et unique caractérisation ou illustration de personnages ou de situations, qu’elles soient réduites à cela.
Je ne veux pas que la violence dans les jeux soit traitée légèrement et sans conséquences sérieuses.
La violence a de nombreuses et graves conséquences. Dans les jeux, ces conséquences pourraient être des éléments dont s’occuper, à réduire, soulager, peut-être guérir. Elles ne devraient pas être balayées sous le tapis. Peut-être que ces sujets ne seraient pas très amusants à jouer. C’est très bien.
La violence est quelque chose de très vaste. Elle peut être physique, psychologique, sexuelle, morale, symbolique, orale, directement exercée ou une menace ; elle peut être auto-infligée, personnelle, intime, collective, publique, institutionnelle ; elle peut être affichée ou masquée ; elle peut être dirigée vers des personnes faibles ou dépendantes, des pairs ou des personnes plus puissantes, dirigée contre des étrangers ou des connaissances. Soyez attentif et conscient de ce que vous écrivez, attendez des autres, jouez.
S’il-vous-plait, Soyez attentif et conscient de ce que vous faites quand vous écrivez la violence, en attendez des autres ou quand vous la jouez.
Si ce manifeste vous fait réagir, si vous désirez une clarification ou si vous désirez échanger à ce sujet, n'hésitez pas à venir en discuter avec moi par exemple dans le Fédivers où via un autre moyen.
Remerciements
Image de titre : photographie sans titre de Nadine Shaabana trouvée sur Unsplash et disponibles selon The Unsplash Licence.